Conte
En ce temps là vivait un homme d’une grande sagesse, au milieu des bois, dans une cabane sans confort.
Cependant pour subvenir à ses modestes besoins vitaux, une source à proximité où les oiseaux pépiaient et s’abreuvaient, ainsi qu’un jardinet d’herbes sauvages .
Des poules, qu’il ne sacrifiait jamais mais bonnes pondeuses, avec à la clef des omelettes aux champignons sauvages.
Sa vie ascétique lui apportait la robustesse. Campé sur ses jambes, une pipe éteinte aux lèvres entrouvertes sur un sourire, un bâton bien en mains , comme pour bien faire comprendre son ancrage dans la terre, il était magnifique à observer.
Chaque semaine il se rendait au marché du bourg voisin, se mêlant aux chalands, devisant avec eux.
Il était à l’écoute, rassurant, faisant poindre l’espérance chez les anxieux, conseillant ses médecines Il lui arrivait de bailler quelques recettes de simples, grâce à son grand savoir en la matière, le tout sans vanterie.
Il était aimé et respecté de tous.
Près de l’église, une maisonnette aux vitres fermées, de lierre recouverte.
Sur la plaque de cuivre brillant, le nom du propriétaire X suivit de ses es qualités ►rentier !
On rencontrait souvent X, se baguenaudant, humant l’air du temps, et lorgnant sans indulgence les villageois.
Rien ni personne n’avait grâce à ses yeux, étant bien entendu,
-le plus nanti, le mieux bâti et surtout le plus intelligent- ,
ce dont il était persuadé et sa morgue en rabaissant plus d’un !
Un certain samedi de foire d’été, le soleil dardait de chauds rayons. Sur la Place du Marché, on épanchait alors sa soif aux terrasses des cafés, sous quelques feuilles de platanes sèches elles aussi..
Un flot de boisson circulait, Certains buvotaient une eau gazeuse, d’ autres sifflaient goulûment une anisette bien arrosée . C‘était alors la Place de la Régalade .
Un seul ne faisait pas partie de la fiesta. Un vieillard, un mendiant, qui essayait de s’abreuver à la fontaine du village. Il tentait de capter l’eau qui s’écoulait du trop-plein du seau suspendu, churlupant les gouttes qui s’échappaient en une sorte de flchss…
X méchamment l’apostropha, lui reprochant son manque de délicatesse pour s’abreuver, lui demandât de déguerpir aussitôt car il risquait de contaminer l’eau de la fontaine.
Le Sage s’approchât pour défendre le miséreux
« N’a-t-on jamais vu un sot faire de telles simagrées au sujet d’un seau ? »
Lançat-il d’une voix outrée.
« Si ta sottise n’a d’égale que ta bêtise, ta suffisance est bien alliée à ta méchanceté »
« Comment oser se moquer d’un plus faible, peut-on être soi-même sans reproche ? »
Le « rentier » éberlué d’être remis en place, rentra chez lui penaud, sans un mot.
Depuis il ne sort que la nuit ou épie à travers ses persiennes
Ést-il-honteux d’avoir été démasqué ?
En tout cas il suffit parfois d’un mot juste pour se débarrasser d’un prétentieux